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mardi 10 août 2010

Petite Mademoiselle Saint François D'Assise

Par les fenêtres de la cuisine la petite Marianne aperçoit une fille de son âge qui mendie vautrée sur le trottoir. Comme c'est l'hiver et qu'il fait bien froid, elle se demande comment lui venir en aide. D'abord elle pense à l’inviter pour le gouter mais sa mère ne serait surement pas d'accord pour qu'elle partage ses tartines de miel et son chocolat chaud avec une inconnue. Alors, d’un pas solennel comme seuls sont capable d’avoir les enfants, elle traverse l'appartement jusqu'à la penderie. Sans réfléchir elle choisit son  manteau le plus neuf et le plus beau. D'instinct, du haut de ses sept ans, Marianne sait que la petite fille des rues en prendra soin et qu'il lui durera longtemps. Donner son manteau c'est comme se donner soi-même. Donner son manteau c’est s’offrir totalement mais tout cela la petite Marianne l'ignore. Dommage car c'est surement ça le plus beau dans cette histoire entièrement inventée. J'espère qu'elle le comprendra plus tard.

Juin 10   

samedi 7 août 2010

Vielle folle !


Une vielle s'échappe de l'hospice ou l'on tentait de l'oublier. En robe de chambre, elle court dans la ville. Les parents ont peur alors ils couvrent les yeux de leurs enfants. Pourtant, les mômes eux, ils trouvent ça plutôt marrant, plutôt sympathique, cette grand-mère qui sprint en hurlant des grossièretés !
La vielle se faufile dans les Nouvelles Galeries. Au milieu de la foule du samedi, personne ne la remarque. Épuisée, elle a la bonne idée de se rouler en boule au fond d'un bac de nippes en soldes, histoire de roupiller un brin.
Ça y est, le magasin est désert. Il ne doit pas être loin de minuit quand, après avoir dévalisé le rayon gourmet, l'ancêtre se plante dans une vitrine entre  les mannequins en maillot de bain. Ses yeux pleurent, mais elle rie franchement lorsqu'elle montre ses culottes souillées aux hurluberlus qui trainent dans la nuit à la fermeture des bars.
Juin10

mercredi 4 août 2010

Discrimination





Tout les mois le camion de la transfusion sanguine s'arrête une demi-journée sur la place de la mairie. Jean-Marc attend ce moment avec impatience. Le don du sang, pour lui ça veut dire beaucoup. Il y a une dizaine d'année  il n'aurait jamais pu survivre à un accident de voiture sans une transfusion.
Maintenant son sang, il le donne des qu'il le peut. Mais, au moment de remplir le formulaire, il est obligé de mentir car, en tant que pédé, il n'as pas le droit. Parfois le mensonge est une sorte de civisme.
Son devoir accompli, il s'assoit sur un banc si possible au soleil.  Envahi par la torpeur, il pense à  Rosa Parks, femme noire dans l’Amérique des années 50, qui refusa de céder sa place à un passager blanc dans le bus. Peut-être qu'un jour, les homosexuels stigmatisés par l'Établissement Français du Sang, oseront eux aussi dire:" Ça suffit vos conneries !"

Juin10

dimanche 1 août 2010

Bien plus qu'un lâche



 Le contre maitre de vignoble nous a demandé, à Isham et à moi, de quitter notre rangée pour laver l'intérieur d’une des grandes cuves en inox de l'exploitation. 

Arrivé au corps de ferme, nous descendons dans le ventre de la bête. Nous sommes presque de bonne humeur tant le ramassage du raisin est répétitif et fatiguant. La chaleur étant très vite intenable, je ressors de la citerne pour boire. Je tends ensuite la bouteille à mon collègue resté au fond  mais le patron s'en empare avant. Il me lance un clin d'œil puis m’affirme  que les Arabes, ça ne bois pas.

Sans rien répondre, je redescends dans la fournaise. Isham a déjà reprit sa brosse et me tourne le dos. A cet instant, comme moi, il doit penser à la paye... Je l'espère sinon, a cet instant mais aussi pour le reste de mes jours sur terre, je suis bien plus qu'un lâche.

Juin10

mardi 27 juillet 2010

prendre du recul


L'habitacle est spartiate mais la vue imprenable.
Il y a travaillé depuis tout môme. A deux pas de la ville, derrière les premiers arbres d'une forêt,  Alain a construit sa fusée. Dans le plus grand des secrets, il n'a jamais abandonné ce rêve mélant la tôle aux circuits intégrés: Deux heures chaque jour après l'école, puis entre ses cours de fac et enfin en sortant du boulot. Le plus extraordinaire c'est qu'il n'a jamais douté. Une seule fois, le jour de son mariage avec Isabelle, il avait faillit tout lui avouer. Bien mal lui en aurait prit ! Elle est partie il y a trois ans. N'ayant pas d'enfant, le couple c'est juste dissout, sans que l'un ne cherche plus a avoir des nouvelles de l'autre.
Depuis trois semaines il ne vis que de mojitos au miel et d'olives noires délicieusement piquantes. Béât, il admire les clairs de terre, bleue striée de blanc, le monde comme en suspend...

Juin10

dimanche 25 juillet 2010

Chevaucher a cru


Tu as trente deux ans, mon gars et nous sommes en 2010. Tu savais tout. Comment ça s'attrape et quoi faire pour t'en protéger. Tu mens si tu ose dire le contraire! Maintenant que tu l'as enfin, qu'est-ce que tu vas en faire de ton virus?
Alors, petit pédé, petit égocentrique paranoïaque, tu me réponds?
Maintenant que tu t'es plombé est-ce que ta vie va changer? Est-ce que tu te sens plus original, mieux accepté par ta communauté?
Dis moi, oui, dis moi, Sainte Tapette des Abattoirs, tu l'as ressentit ce frisson que tu cherchais depuis tant d' années?
Vas tu enfin commencer à la vivre ton existence, a entreprendre ce qui te mord les tripes?

Juin10

jeudi 22 juillet 2010

Colère


Toute la journée et une bonne partie de la nuit elle se répète « merde, merde » dans sa tête. Sur des tons ou des rythmes différents mais constamment. C’est comme un mantra, un psaume ad infitum, une litanie qui résonne dans son cerveau aussi vaste, aussi vide qu’une cathédrale romane.  
« merde, merde » chez les commerçants, en se couchant, en se levant, en se maquillant car oui, elle se maquille encore. Un trait de mascara, un rouge à lèvre délicat pour ne pas oublier qu’elle appartient au monde, qu’elle y a droit à une place.
« Merde, merde » jusqu'à l’épuisement, peut-être même jusqu’a sa mort. Sur des tons, sur des rythmes différents mais surtout avec colère.
D’ailleurs, c’est son nom : Colère. Le nom que lui a laissé son mari parti pour de nouvelles aventures sans même prendre le temps de divorcer mais sans cracher une thune. Emilie Colère vit maintenant dans un logement insalubre, lâché par la mairie pour qu’elle  laisse enfin tranquille leurs services sociaux. Et en plus il faudrait qu’elle dise merci.
Emilie Colère fait des ménages dans des bureaux. Ce sont de beaux bureaux dans les ministères. Elle n’est pas employée de l’Etat mais de boites privées. Mal payée, pas déclarée, elle est en colère. Elle sait qu’elle travail au jour le jour, que plus tard quand elle tombera malade ou de vieillesse ça n’auras servi à rien. Que cette tranche de sa vie n’existera pas aux yeux de ceux dont elle nettoie les bureaux.
Ce boulot, il n’est pas assez bien payé alors  elle cavale la ville.( pour  se rendre aux abattoirs. Là, elle rince, lave, astique et désinfecte des machines puis des salles souillés de sang et de merde. Elle y va. Courageuse, elle ne tourne jamais de l’œil.  Quand vraiment elle n’en peu plus, elle prend une pause, retenue sur son temps de travail. De sa poche, elle sort une cigarette qu’elle fume les yeux fermés.)
« Merde, merde ».   Elle ne sait jamais si le mois prochain elle aura encore du travail. Alors, la faim au ventre, elle accepte tout : horaires fractionnés, tafs en soirée ou carrément de nuit, extra du dimanche, flexibilité et surtout la soumission. C’est vrai qu’elle ne les regarde jamais dans les yeux les petits chefs ratés ! Sa survie dépend trop de leurs caprices pour se le permettre.
A la maison il n’y a pas qu’elle. A la maison, il y a son petit Julien. Avec ses trois chromosomes alors que normalement ils vont par paires. Il a sept ans. Trouver une structure qui l’accueil n’a pas été chose facile. Emilie jongle avec ses horaires mais souvent, c’est limite. Elle se fait engueuler quand elle vient le chercher trop tard. Payer une garde d’enfant n’est pas dans ses moyens alors…
« Merde, Merde » elle se le dit nuit et jour. De plus en plus en colère, Madame Colère ! Et quand la révolution éclatera, sur les barricades, elle sera la première. Sa violence future n’aura d’égale que la fatigue et l’humiliation actuelle.

Juin10

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